Les Prestations de Direction et Leur Déductibilité Fiscale : Focus sur les Management Fees
Rabie HANOUN
12/5/20242 min read


Lors d’une récente conférence organisée par l’Ordre des Experts-Comptables sur la plateforme Fuz’Experts, le thème des incontournables de l’actualité fiscale a permis d’aborder des points cruciaux pour les entreprises. Parmi les sujets phares, la question des prestations de direction facturées par une société mère à sa filiale, également connues sous le terme de management fees, a suscité de riches échanges.
Qu’est-ce que les management fees ?
Les management fees désignent les prestations facturées par une société mère à ses filiales pour divers services de direction, de gestion ou de support (ressources humaines, comptabilité, stratégie, etc.). Ces frais, imputés à la filiale, sont censés couvrir les coûts liés à ces prestations et sont souvent déductibles fiscalement pour celle-ci.
Cependant, la déductibilité fiscale des management fees peut poser problème lorsque certaines conditions ne sont pas remplies, comme l’a récemment souligné l’administration fiscale.
La position de l’administration fiscale
L’administration fiscale remet en question la déductibilité des management fees dans les cas où le dirigeant de la société mère qui rend ces prestations n’est pas rémunéré par la filiale. Elle considère que dans une telle configuration, les prestations ne peuvent être considérées comme ayant un caractère nécessaire pour l’activité de la filiale, et donc comme une charge déductible en matière d’impôt sur les sociétés (IS).
Cette position repose sur l’idée que :
Les prestations doivent répondre à un intérêt direct pour la filiale.
Elles doivent être justifiées par des éléments concrets (contrats, factures détaillées, preuves de services rendus).
Elles ne doivent pas constituer une simple réallocation interne des coûts sans véritable prestation.
Le Conseil d’État : Une décision opposable
Face à cette interprétation restrictive, le Conseil d’État a récemment rendu un avis qui vient contredire la position de l’administration fiscale. Selon la haute juridiction, le fait que le dirigeant de la société mère ne soit pas rémunéré par la filiale ne constitue pas, en soi, un motif suffisant pour refuser la déductibilité des prestations de direction.
Le Conseil d’État insiste sur la nécessité d’évaluer la réalité des prestations rendues et leur caractère nécessaire pour la filiale, sans exclure automatiquement leur déductibilité en se basant uniquement sur l’absence de rémunération du dirigeant au niveau de la filiale.
Quels enseignements pour les entreprises ?
Réalité des prestations : Les entreprises doivent documenter de manière précise les prestations effectuées par la société mère pour ses filiales.
Contrats et justificatifs : Il est essentiel de formaliser des contrats de management fees clairs et détaillés, avec des factures explicitant les services rendus.
Conformité avec les décisions jurisprudentielles : Les entreprises peuvent s’appuyer sur l’avis du Conseil d’État pour défendre la déductibilité des management fees en cas de contrôle fiscal, tant que les prestations sont avérées et justifiées.
Conclusion
Cette conférence sur les incontournables de l’actualité fiscale a mis en lumière les enjeux complexes entourant les management fees. Entre la position stricte de l’administration fiscale et l’avis plus nuancé du Conseil d’État, il est crucial pour les entreprises de s’assurer d’une gestion rigoureuse de leurs prestations intragroupes.
Un accompagnement par des experts-comptables peut faire toute la différence pour sécuriser la déductibilité de ces charges et éviter les redressements fiscaux.